L’Eglise devrait aussi renouveler son appel à la fin des violences et à des négociations entre les figures de la contestation anglophone et le gouvernement. La crise anglophone au Cameroun, qui a débuté en octobre 2016, s’est transformée en conflit entre les forces de sécurité et des séparatistes de mieux en mieux armés qui luttent au nom de la minorité anglophone marginalisée. More By William L. Langer Le dialogue et une négociation demeurent l’unique solution viable. La suite est connue : répression aveugle, opérations « villes mortes », fermeture des écoles, coupure d’internet, mesures insuffisantes et tardives du gouvernement, L’élan séparatiste va crescendo parmi les anglophones tandis que le gouvernement de Paul Biya fait peu de cas des griefs historiques de la communauté. Entretiens de Crisis Group, membres éminents du clergé catholique, Buea et Bamenda, mars 2018.Entretiens de Crisis Group, membres éminents du clergé catholique, Buea et Bamenda, mars 2018 ; cardinal Christian Tumi, Douala, mars 2018.« Cameroon Anglophone bishops call for school resumption following calls from PTAs », Cameroonschoolnews.wordpress.com, 21 juillet 2017. Les poursuites ont depuis été abandonnées, mais le gouvernement a montré qu’il était prêt à poursuivre des membres du clergé en justice pour des raisons politiques. Le boycott a continué tout au long de 2017, mais en 2018 les cours ont repris dans de nombreuses écoles, en particulier en ville. Il est temps que le président camerounais agisse pour éviter une guerre civile qui aurait nécessairement des répercussions dans les régions francophones. C’est sans doute aussi une occasion pour elle de faire preuve d’unité et de renforcer sa crédibilité auprès de l’opinion publique camerounaise. Près d’un tiers des Camerounais sont catholiques, et l’Eglise dispose d’un dense réseau d’écoles et d’hôpitaux. Voir aussi le pape Jean XXIII, « The meeting convened by Archbishop Kleda in Buea ended in a deadlock », “The meeting convened by Archbishop Kleda in Buea ended in a deadlock”, Entretien de Crisis Group, membre éminent du clergé, Buea, mai 2017.Crisis Group interview, senior clergyman, Buea, May 2017.« Cameroon – Anglophone crisis: Government drags Catholic bishops to court over stalemate on school resumption », Entretien de Crisis Group, membre du clergé catholique, Douala et Buea, mars 2018.Entretiens de Crisis Group, diplomates, Yaoundé, février-mars 2018.« Ambazonia crisis: Roman Catholic bishops fail to see eye to eye », Suivi par Crisis Group de discussions sur la crise anglophone sur les réseaux sociaux tout au long de l’année 2017.Déclaration de Crisis Group, « Crise anglophone au Cameroun : le dialogue demeure l’unique solution viable », 21 décembre 2017.Entretiens de Crisis Group, diplomates, Yaoundé, mars 2018.Selon des prêtres et pasteurs anglophones, « l’unité est bien plus grande entre les évêques anglophones, l’Eglise presbytérienne et la Convention baptiste du Cameroun qu’avec les évêques francophones ». Actuellement, néanmoins, ses divisions intestines, en particulier entre le clergé anglophone et francophone, l’empêchent de jouer un rôle constructif. Malgré la polarisation, les évêques anglophones et francophones se rejoignent sur certains points, et des personnalités importantes de l’Eglise essaient de trouver un terrain d’entente. Mais ce parti, aspirant à une stature nationale, a graduellement dilué son plaidoyer pour le fédéralisme, tandis que les fraudes électorales et hostilité des francophones à l’idée de voir un anglophone gouverner persuadaient beaucoup d’anglophones qu’il n’accéderait jamais au pouvoir. Classification. Mais des désaccords subsistent entre les évêques. Elle pourrait continuer de coopérer avec d’autres institutions religieuses, comme l’Eglise presbytérienne camerounaise, qui, en janvier 2017, a fait part de sa disposition à jouer un rôle de médiateur, et la Convention baptiste du Cameroun, ainsi qu’avec des chefs traditionnels et des associations de la société civile crédibles.
Sans soutenir le boycott, il a estimé que celui-ci correspondait au souhait des parents et que la libération des détenus par le gouvernement serait plus utile pour résoudre la crise, et in fine rouvrir les écoles. La violence s’est répandue : plus de 100 civils et au moins 43 membres des forces de sécurité seraient morts au cours des sept derniers mois, ainsi qu’un nombre inconnu de militants armés. L’ordre du jour précis des éventuels pourparlers entre les figures de la contestation anglophone et le gouvernement ne peut pas être défini à l’avance. Las !
La première concerne la structure de l’Etat : faut-il prôner la décentralisation, le fédéralisme, ou même l’indépendance pour un nouvel Etat anglophone ? Entretiens téléphoniques de Crisis Group, prêtres et pasteurs anglophones, avril 2018.« Loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code Pénal », Article 111, République du Cameroun, 12 juillet 2016. Le Cameroun fait face à une insurrection qui ne cesse de croître.